Kemet : feedback d'un premier test

Après une phase nuit riche en prières, suite à notre première partie de Kemet, voici ce que j'en pense (copie d'un avis exprimé sur trictrac qui résume trop bien ma pensée pour que je prenne la peine de chercher mes mots) :

L'art de la guerre

Pour espérer gagner à Kemet, il faut attaquer. Ce qui en fait incontestablement un jeu d'affrontement.

Mais, très souvent, sur les points nécessaires à la victoire moins de la moitié sont obtenus par des assauts ; ce qui prouve qu'existent de nombreuses autres façons de marquer des points.

C'est en ça que Kemet est une grande réussite ludique : occupation de temple, élévation de pyramide, achat de récompenses, envahissement de cité... toutes ces actions permettent de progresser vers la victoire. Il faut réussir à les accomplir au moment opportun tout en n'hésitant pas à changer ses plans si une autre occasion se présente (pour agresser un adversaire imprudent ou affaibli par exemple).

Dans Kemet, la part de hasard est très faible (pas de dé, quelques cartes à piocher) et c'est par ses propres choix qu'on construit sa victoire ou sa défaite.

Le jeu est aussi bon à 2 qu'à 3, 4 ou 5. Mes nombreuses parties m'ont montré que le biais classique des jeux d'affrontement (tous contre celui qui mène) est marginal car le jeu est très rapide et dynamique et les alliances sont éphémères et risquées. Aucun risque d'enlisement final comme dans le vieux Risk, le vainqueur est quasi systématiquement désigné après 5 ou 6 tours de jeu (entre 30 mn et 1 h selon le nombre de joueurs).

Le matériel est beau et de bonne qualité. Les règles sont claires et rapidement assimilées.

Le seul bémol que je mettrais dans mon avis est lié à la richesse du jeu : il y plus de 50 "tuiles pouvoirs" différentes dont l'utilisation judicieuse est indispensable pour l'emporter. Un nouveau joueur sera un peu perdu face à un tel choix et il faut au moins deux ou trois parties pour maîtriser quelques combinaisons de tuiles redoutables. C'est le (petit) prix à payer pour apprécier pleinement ce grand jeu.

Kemet n'est pas à conseiller à ceux qui aiment élaborer de longues et patientes stratégies d'occupation de terrain (joueurs de go passez votre chemin) ou à ceux qui apprécient la gestion solitaire de leurs ressources. Ici, l'interaction et les remises en question sont permanentes. L'adaptation et l'opportunisme règnent. C'est un remarquable jeu d'affrontement dans lequel la force brute seule ne permet pas de l'emporter.

Un excellent jeu d'intelligence de situation :